mercredi 29 octobre 2008




Les courtisans et leurs logements au chateau de Versailles

J'aimerais faire partager ma passion pour Versailles et notamment la vie quotidienne qui s'y passait autrefois. Le sujet des logements des courtisans m'interroge particulierement et tombe bien à propos suite à la parution des ouvrages de W.R.Newton, dont son dernier livre " Derrière les façades" excluivement consacré à l'habitat courtisans. ( extrait et sommaire sur notre portail ce trimestre ).
Cet historien américain se révéle étre un digne héritier de Pierre de Nolhac . Nous sommes assez mal renseignés sur la façon dont les gens vivaient sous l’ancien régime à la cour de Versailles.

Les habitants
Il éxistait trois catégories d’habitants à Versailles :

1) Quelques très riches priviélgiés, généralement des princes du sang, des membres de très grandes familles , des « grands officiers de la Couronne » ou de grands dignitaires des maisons royales - possédaient des hotels particuliers , dans la ville de Versailles .
En régle generale, le roi pouvait les héberger comme cela avait été le cas depuis le XVIe siecle, au Louvre ou au chateau de St Germain où l'on note des logements de fonction pour ce que l'on nommait , à la Cour, les " Charges". La famille royale et la cour se partageaient 82 appartements à Saint Germain. Le reste de la cour et les domestiques s'installaient dans le bourg selon lses moyens, mais on préférait vivre à Paris.

2) A l’opposé étaient les « galopins » - c’est à dire les personnes qui ne disposaient d’aucuns logements. Ils venaient de la capitale, et la rejoignait en empruntant d’inconfortables transports.
3) A mi chemin, entre ces deux catégories extréme, étaient les « logeants », c’est à dire les courtisans et les principaux domestiques logés par le roi. Etre logé était une sorte de catégorie sociale recherchée dans le monde de l’ancien régime, particulièrement vital en ce qui concernait la Cour de Versailles.
Ce privilége envié tenait à une fonction ou à la seule faveur royale.
Ceux qui jalousaient cette position ignorait - bien souvent - dans quelles conditions y aller vivre : beaucoup de grands seigneurs ne disposeront - en effet à quelques détails prés - que de deux pièçes habitables .

L’installation de la cour nécessite un espace suffisant car le roi devait loger, à la fois, la famille royale - c’est à dire la totalité des membres de sa famille , ses favorites, le gros de la Cour et le personnel qui allait avec . L’idée établit qui dit qu’un courtisan vit au crochet du roi est une pure invention.Il fallait avoir une fonction pour bénéficier d’un gite octroyé par le roi.Logiquement une charge donnait droit à un logement. On entendait par logement un appartement gratuit meublé pour une certaine catégorie d’habitants, généralement les principales charges de la Couronne et celles des maisons royales. Le logeant pouvait meublait son appartement à sa guise, en utilisant ou en n’utilisant pas le mobilier fourni avec l’espace car les ensembles mobiliers fournis par le Garde Meuble du roi - qui était une administration dépendante de la maison du roi - suivait une hierarchie bien spécifique. Le mobilier était moins précieux que ceux de la famille royale et souvent de seconde main.

Essai sur l'évolution de l’habitat courtisan à Versailles :
L’habitat courtisan de Versailles évoluera suivant les campagnes d’agarndissement du chateau. Nous avons essayé d’en tracer les phases principales chronologiquement : Préalablement, dés le premier chateau de Versailles, il n’y eut pas - à proprement parlé - de courtisans habitant le domaine.
Au temps de Louis XIII, il ne s’agissait comme nous allons le voir, de loger qu’ une suite immédiate et quelques invités personnels. Les premiers chateaux de Versailles n’offraient pas réellement de possibilité de logements. Néanmoins, surtout dés les premiers séjours de louis XIV, le chateau se remplissait de façon exceptionnelle d’une foule de plus en plus grandissante. Tout changera en 1682, avec l’installation définitive de la Cour à Versailles.
Les premiers chateaux comporteront , néanmoins, plusieurs espaces d’acceuil pour cette catégorie d’habitants.Il s’agit maintenant d’en établir l’évolution , avant celles, plus importante de la campagne de travaux de 1678.
Les plans visant à transformer avec l’ampleur que nous lui connaissons aujourd’hui ne seront élaborés par Jules hardouin-Mansart qu’à partir de cette année-là.
Ils concernermont principalement à agrandir considérablement le chateau afin de fournir nombres de logements pour la Cour de France. Auparavant, d’autres travaux - jugés insignifiants par rapport à ceux qui allaient suivre - viseront progressivement , à moindres échelles, à augmenter la capacité des surfaces habitables du chateau. Ill faudra distinguer, pour comprendre chaque agrandissement ordonné, une période déterminée avec une utilisation spécifique de Versailles.
A suivre - Les logements du premier chateau de Louis XIII ( 1624 - 1631)

Images :
La mort de Louis XV entouré de ses courtisans Film Remontons les Champs-Élysées de S.Guitry
La promenade de Louis XIV © RMN / Gérard Blot
Petit interméde video pour illustrer les toilettes de la reine

La salle de bains de Marie Antoinette



Le négligé du matin

A la sortie du bain, la reine s’habillait.
Une femme de chambre s’agenouillait et lui passait une seconde paire de bas . Tous les vêtements et le linge, était présentait par la femme de garde robe des atours aux femmes de chambre.

On l’habillait ensuite du « grand négligé du matin » : les femmes de chambre la revêtait de la seconde « chemise du jour », faite de batiste ou de linon et ornée de dentelle, puis d’un jupon ou plusieurs selon la saison et le type de la robe d’intérieur et enfin d’un manteau de lit et d’un négligé de taffetas blanc qui faisait office de peignoir.

Marie Antoinette en « négligé du matin »
Tableau de Gautier Dagoty

La lingerie de la reine, contiguë aux salles des Atours renfermaient le linge du « négligé » : des chemises de mousseline, de toile de Hollande, de batiste ou de percale. La chemise, le plus ordinairement, était brodée au bas, garnie à la gorge et aux manches, de dentelles de Valenciennes, de Malines. La Reine se fournissait chez les meilleurs marchands lingers de Paris. La Reine en a un bon nombre : rein d’étonnant à cela quand on sait qu’elle en changeait plus de 5 fois par jour ainsi que de tout le linge. C’est à peine si elles suffisaient


On lui chausse des bas de soie, d’ordinaire blancs, « extra fins, à jours de dentelles ; et riche de broderie »
Elle a dans sa garde robe plus d’une centaine de paires. Il y avait tout un assortiment : de qualité différente : bas de coton blancs le plus souvent, bas de soie blanche brodée, bas noirs pour le demi-deuil.


Les souliers, pour la matinée, étaient le plus souvent de peau de couleur ou en étoffe : taffetas ou satin. En une année, la reine commandait et en payait plus de 100 paires, sans compter un certain nombre de paires de l’année précédente.

Exemple de souliers de femmes




Chaussée, Marie Antoinette passe un « corps ». Comme toutes les dames de son temps, la lingerie de la reine conservait toute une collection de corps à baleine ordinaires de percale doublée de dentelles, de basin doublé de percale, de satin blanc doublé de taffetas. La dame d’atours avait sous ses ordres un tailleur « pour les corps » qui fournissait exclusivement la lingerie de la souveraine.

Avec le corps, un simple jupon d’étoffe, de petit basin rayé garni d’un ou plusieurs rangs de dentelles ou d’un petit volant de mousseline brodée. L’hiver, quelquefois on lui mettait de jupons de tricot de coton bordé de dentelles. Mais c’était une exceptions : on en trouvait seulement 6 dans les placards des Atours.



Rien d’autre ensuite : la reine n’avait dans sa garde robe absolument point d’autres linges hormis des pantalons de soie de couleur ou de peau de daim pour monter à cheval.

Elle endossait enfin un peignoir dit « manteau de lit » de percale, de mousseline, de petit basin ou de taffetas. La lingerie en possédait à l’infini de toutes formes, de toutes broderies, et toutes garnitures.

On lui endosse enfin la « robe négligée » - que la reine avait sélectionné la veille au soir à son coucher . Ces négligés étaient fournis par les marchands ordinaires de soieries. Cette tenue pratique permettait un accès facile partout compris dans les petites pièces, les escaliers dérobés ou les cabinets intérieurs là les grands paniers ne pouvaient pas passer à cause de leur circonférence. C ‘était une robe ample souple, battante et volante avec une veste d’intérieur. Au début de son règne, la reine le portait sur un petit panier dit « considération ».

Le peintre Gautier Dagoty la représente ainsi affublée dans un tableau, conservé au château de Versailles.





La toilette
Assise soit à sa table de toilette dans sa grande chambre , à celle de son cabinet de toilette ou celle de sa chambre particulière du rez de chaussée, la reine, consacrait quelques temps aux soins du visage, des mains, des ongles, des dents, Elle était aidée, dans ses gestes, par les deux femmes de chambres dont c’était une des taches habituelles, toujours en présence et sous les ordres de la première femme de chambre.

Comme toutes les femmes de condition de son époque, la reine se faisait farder le visage.Cela fait partie intégrante de la toilette. A la Cour, le maquillage a une grande importance : on marque les pommettes et on en couvre presque toutes les joues. C’était l’accessoire obligé de la toilette des femmes du XVIIIe.

On lui nettoie d’abord le visage d’une lotion astringente avant de l’enduire de blanc avec un pinceau. On lui applique sur les lèvres et les pommettes un « rouge du matin » et diverses pommades pour cerner les yeux et les cils. Marie Antoinette se fardait en effet d’une poudre blanche d’amidon et elle usait peu de mouches. Elle n’était pas grande admiratrice de ces artifices de beautés qui étaient d’ailleurs beaucoup moins à la mode sous son régne. Au début du règne, elle aimait mettre un peu de rouge mais bientôt abandonnera cet usage.

On connaît les senteurs, les cosmétiques et les fards qu’elle utilisait. Mais son parfum habituel, conçue pour elle, n’a pas été encore retrouvé. Le récent parfum mis en vente « Sillage de la Reine » n’est qu’une senteur supposée de la Reine.
Marie Antoinette se parfumait avec soin. Elle aimait la rose à la folie. utilisait quelques extraits de fleurs d’oranger, de l’eau de lavande.



Pour le rouge, elle dépense des sommes énormes chez Mme Martin, la plus fameuse marchande de rouge de Paris. Mais elle se fournit chez d’autres parfumeurs. Son parfumeur attitré était Jean Louis Fargeon, maître en 1774, installé rue du Roule à Paris. Jean François Houbignant fut également son fournisseur de parfum, établi depuis 1775 à l’enseigne « A la corbeille des fleurs ».





Le repos du bain

Après avoir pris ces soins minutieux où elle employait ses nombreux nécessaires, ses boites à outils de toute espèce pour les dents, pour les mains, pour les pieds, la reine recouchait.
La Faculté prescrivait ensuite un moment de repos que l’on passait étendue , c'était d'un usage courant.

Mme Campan confirme que
« La femme de garde robe bassinait le lit, les pantoufles étaient de basin garnie de dentelle. Ainsi vêtue, la reine venait se mettre au lit, les baigneuses et les garçons de la chambre enlevaient tout ce qui avait servi au bain. La reine, replacée dans son lit, prenait un livre ou son ouvrage de tapisserie ».

La reine avait pris l’habitude de remonter dans son grand lit afin de se reposer de la fatigue du bain, pour lire ou s’occuper à un ouvrage de dame généralement une tapisserie. Ainsi recouchée, elle conservait sa coiffure de nuit, c’est à dire un bonnet de taffetas blanc. Elle avait eu le soin, le soir avant de se dévêtir , de se faire poudrer les cheveux. Grâce à ces bonnets de soie, la poudre de la veille se conservait facilement jusqu’au lendemain.

Ses appartements - tout châteaux confondus - posséderont toujours , en général, une « chambre de bains » avec un lit de repos servant à cet usage.


On en trouvera une au château de Choisy qu’elle fit aménager à son usage dés 1770, une autre au château de Saint Cloud dans un " appartement des bains" conçu uniquement à cet usage, une autre encore dans ses cabinets avec un « cabinet de toilette » , avec un lit de repos au château de Compiègne .Dans sa dernière résidence , elle disposera d'un élégant cabinet de toilette trés complet avec baignoires, bidet et chaise anglaise avec un lit de repos dans un entresol de son appartement du palais des Tuileries.

Exemple d’un lit de Chambre des Bains
Petit appartement de la Reine
Au Château de Versailles


Dans le va et vient de la toilette, Marie Antoinette trouve le temps d’expédier, avec son secrétaire des Commandements – souvent présent à ces heures là – le travail courant des audiences, de donner des signatures aux brevets et décisions, d’écrire sa correspondance avec d’ élégants écritoires qu’on lui apportait dans son lit.

Elle pouvait, à tous moments, recevoir la visite de ce que l’on nommait depuis Louis XIV les « entrées familières » : Monsieur, le comte d’Artois ou « quelque princesses de la famille royale ». Si il n’avait pas couché avec sa femme, c’était à ce moment là que Louis XVI venait visiter « incognito » la reine.
Images :
Marie-Antoinette à sa toilette Gautier Dagoty - Musée National de Versailles
© Agence photographique R.M.N
Chaussure de dame XVIIIe © Les Arts décoratifs / Musée de la mode et du textile, Paris / Photo Laurent Sully Jaulmes
Laçage d'un corps à baliens D' apres la Toilette d 'une Elegante de Freudeberg © Wikipedia
Lit de la chambre des Bains pour Compiègne - Musée National de Versailles © Agence photographique R.M.N

La première toilette du matin


La femme de garde robe des atours entrait et déposait une corbeille recouverte d’un grand taffetas, contenant la lingerie du
« grand négligé » que la reine allait revêtir pour la matinée.
Une femme de chambre s’agenouillait et lui passait alors des bas, le jupon et la robe de chambre ou le négligé selon la saison.

La sélection des « Négligés » pour la robe de toilette et du déshabillé des audiences du matin se faisait le soir, au coucher de la Reine. Ils faisaient partie des commandes faites par la dame d’honneur dans les effets pour la chambre de la Reine.Tous les jours, la femme de garde robe lui lavait les jambes si elle ne se baignait pas.

A cet effet, elle dispose de toute une collection de pots ou " bains de pieds" en tole que l'on rangeait, avec d'autres objets de toiletets, dans la garde robe derrière la grande chambre.

Le Petit lever et le déjeuner
Dés cette toilette faite, on procédait immédiatement au « petit lever » .

Vers 9 heure, ses femmes de chambre revenaient dans la chambre pour lui apporter son déjeuner. On apportait son café ou son chocolat agrémenté d’une pâtisserie viennoise appelé « Kuchen » qu’elle prenait généralement pendant ou après son bain. Marie Antoinette mis à la mode du Kugelhopf introduit en Lorraine par les cuisiniers du Roi Stanislas.

La reine déjeunait selon son envie soit dans son lit, soit debout soit assise à une petite table que l’on roulait devant son canapé ou sur un plateau posé sur le couvercle de la baignoire, si elle déjeunait durant son bain.

On la servait toujours dans d’élégants cabarets de porcelaine de Sèvres, souvent à son chiffre. Elle avait un service complet pour son chocolat du matin, spécialement conçu pour elle, décoré de bouquets de myosotis.
Mme Campan confirme en effet qu’elle déjeunait :

« Souvent dans son lit, quelquefois debout, sur une petite table en face de son canapé ».
Dans son lit, elle utilisait, vraisemblablement une des ses « tables mécaniques » qu’elle commandait à son ébéniste Riesner et son mécanicien Mercklein. Pour son canapé, on utilisait alors à une petite table volante que l’on roulait devant elle.

Une des " table mécanique" de Marie Antoinette

Livrée par Riesener le 26 janvier "1 table à écrire N° 3066," (Metropoluan Museum, New York )

Dans le langage de la Cour, on disait qu’il faisait « petit jour » chez la reine. Aussitôt débutait le « petit lever » qui était public. Les personnes possédant les « Entrées » vont assister au petit lever puis au grand lever de la reine.

A 9 heures, les « Petites Entrées » étaient aussitôt admises. Elles étaient possédées, par droit de charge, par la Surintendante de la Maison de la Reine, la dame d’honneur et la dame d’atours.



Autrefois, ces deux dernières dames entraient à ce moment là et assistaient la reine dans ses ablutions toute la matinée.L’abbé Vermond - qui cumulait les charges de lecteur et de secrétaire du cabinet - avait audience au réveil de la reine

Mme Campan nous informe que

« la reine déjeunait dans son lit ou levée. Les petites entrées étaient également admises. Elles étaient accordées, de droit, à son premier médecin, au premier chirurgien, au médecin ordinaire, à son lecteur, à son secrétaire du Cabinet, aux quatre premiers valets de chambre du roi, à leurs survivanciers, aux premiers médecins et chirurgiens du Roi. Il y avait souvent dix à douze personnes à cette première entrée. Si la dame d’honneur s’y trouvait ou la Surintendante, c’étaient elles qui posaient la table du déjeuner sur le lit. La princesse de Lamballe a trés-souvent remplit cette fonction. »
L’abbé Vermond - qui cumulait les charges de lecteur et de secrétaire du cabinet - avait audience au réveil de la reine .

La réforme de la reine
Selon les règles de l’étiquette et du vivant de la précédente reine, la Surintendante de la Maison, la dame d’atours devaient assister au réveil, au petit lever et à la première toilette de la reine et à ses ablutions où elles avaient chacune des fonctions bien déterminés.

Le Premier Médecin, le premier chirurgien, le médecin accoucheur quand la reine était enceinte, venaient également faire un examen rapide à la reine

Entraient également la dame d’honneur qui ne quittait jamais la reine et 4 dames du palais de semaine .La présence permanente de toutes ces dames importune et agace Marie Antoinette. Elles étaient là pour la servir mais aussi pour la tenir éloignée du reste du monde.

Marie Antoinette décidera de réduire leservice habituel de ses dames et les pria de n’apparaître dans sa chambre plus tard, seulement au grand lever qui avait lieu bien plus tard.

Après la réforme, elles n’apparaissaient plus au petit lever, hormis peut être Mme de Lamballe dans les premiers temps de sa faveur; dont une des taches était de présenter le plateau du déjeuner à la reine.

Bravant souvent l’étiquette, dés que celui lui est possible et à tout moment, la reine elle même se retire de la grande chambre et se réfugie, suivie de ses seules femmes de chambre, dans ses « Cabinets » afin de vivre en « particulière » à sa guise.
La première toilette du matin

La première toilette
Vers 9h30, les Petites entrées se retirent quand la reine terminait son déjeuner.

Marie Antoinette profite de ce répit pour prendre son bain et procéder à sa toilette sans spectateurs dans l’intimité de sa grande chambre, de son cabinet de toilette ou de son petit appartement du rez de chaussée selon son humeur. C’était l’heure du « bain de la Reine ».

La véritable toilette du jour débutait et allait durer 2 à 3 heures. Les actes de la toilette étaient fort longs, car Marie Antoinette avait une minutieuse et rare propreté. Elle prenait un bain chaque jour.

Il s’agit d’une toilette de propreté. Les ablutions de Marie Antoinette sont longues et complètes. Elle apporta de Vienne des habitudes d’exactes propretés, améliorant l’hygiène en France en donnant le bon exemple à ses sujets. C’est certainement l’une des rares femmes du royaume qui se baignait fréquemment, presque chaque jour.

Les objets de toilette
Pour son bain et ses toilettes , en femme coquette et pratique, la reine dispose de toutes sortes de nécessaires de toilette, d’outils raffinés qu’elle entassait dans ses cabinets et que l’on apportait autour d’elle au moment des toilettes : bouilloires d’argent , seaux de tôle peinte pour les pieds, boites à fard, à mouches, coffrets dits « carrés de toilette », coupes de porcelaines, cuvettes, pots, aiguières de cristal de roche, de toutes grandeurs, souvent montés en or.

Elle commanda de nombreux meubles utilitaires d’un goût exquis , souvent reproduits en plusieurs exemplaires pour ses différents cabinets des appartements dans la plupart des châteaux de la Couronne, telles ces « toilettes de campagne », des tables cabaret roulante, tables mécanique et table d’accouchée facilement utilisable dans le lit, des meubles utilitaires spécifique pour la toilette comme des portes-seau de toilette, table de nuit, chaise percée, semainier, armoires et étagères à onguents

Le plus précieux de ces objets de toilette furent ses nécessaires de toilettes.

Le cabinet de toilette, situé derrière la chambre à coucher, conservait la grande et la petite toilette de vermeil. Le nécessaire avait été celui de la mère de Louis XVI, fut restauré et remis aux armes de la reine en 177O.
C’était le chef d’œuvre d’orfèvrerie de Thomas Germain, avec les fameuses girandoles et les sucriers en or de la chambre de Louis XV.Le grand nécessaire n’était utilisé que pour la grande chambre pendant le grand lever. La reine disposait d’autres nécessaires de toilette plus ordinaires mais toujours d’une grande élégance comme le petit nécessaire de vermeil de la Dauphine Marie Josèphe ou celui de porcelaine de Sèvres bleu et or similaire à celui qu’elle offrira à la comtesse du Nord. Elle disposa également de plusieurs nécessaires de voyage que l’on emportait lors des voyages ou à Trianon.

La chemise de bain
La reine ne se baignait pas nue, mais revêtue d’une chemise comme les femmes de son temps.
Les femmes de chambre l’apprêtait pour le bain après l’avoir dévêtue de sa tenue de nuit, une femme de chambre lui passait la première chemise de toile, appelée « chemise de baignoire » et la coiffait d’une charlotte de coton blanc des Indes pour protéger ses cheveux.
Il s’agissait d’une pudique chemise de bain doublée et boutonnée jusqu’au col.

Mme Campan a décrit la chemise de bain

« La reine se plongeait dans le bain avec une grande chemise de flanelle boutonnée jusqu’au bas et dont les manches, à l’extrémité ainsi que le collet, était doublés de linge »


Le bain de la Reine

Préférant sa grande chambre, plus chaude et ensoleillée que sa salle de bains des cabinets intérieurs, la reine se faisait rouler un « sabot » au milieu de sa chambre pour son bain quotidien.

Les deux baigneuses et le baigneur étuviste apportaient et préparaient le nécessaire et le mobilier du bain : une baignoire de cuivre, montée sur roulettes, dans un coffre de menuiseries et de cannage , plateaux, marchepied, table de service, récipients, bassins , pots à eau que l’on dissimulé des regards par des paravents apportés pour l’occasion.

Exemple de mobilier pour le bain

La reine utilisa fort peu la petite salle de bains, aménagée pour elle pour son arrivée en France en 1770 dans ses Cabinets intérieurs du chateau de Versailles, jugée probablement trop froide et trop petite. Elle sera rapidement convertie en dépôt pour les accessoires du bain et les collections de la reine.

Aidée de ses « baigneuses », la reine sortait de la baignoire, enlevait la chemise mouillée , se faisait essuyer le corps.
Mme Campan a évoqué le bain journalier

« Lorsqu’elle sortait du bain, la première femme de chambre tendait un drap élevé pour la séparer entièrement de la vue de ses femmes, elle le jetait sur ses épaules. Les baigneuses l’en enveloppaient et l’essuyaient complètement. Elle passait une très grande et très longue chemise ouverte et entièrement garnie de dentelles, de plus un manteau de lit en taffetas blanc qui lui recouvrait les épaules. On lui apportait ses pantoufles de basin garni de dentelles.»

Images :

Le négligé du matin © http://romancereaderatheart2.com/france/

Cabaret du nécessaire de Marie Antoinette © Agence photographique R.M.N

Table mécanique livrée par Riesener le 26 janvier :1 table à écrire N° 3066, plateau orné d’un panneau de marqueterie à trophée et attributs de la poésie et de la littérature (cf Verlet, Mobilier Royal III, N° 19) © Met New York

Nécessaire de toilette de la tsarevna Maria Féodorovna fabriqué à Sévres Cadeau diplomatique de la reine à Marie Dorothée de Wurtemberg, " la comtesse du Nord" © Palais de Pavlosck

Exemple de mobilier de salle de bains au XVIIIe - Chateau de Vaux le Vicomte © Flick


Le Réveil
La reine se levait à l’heure qu’elle avait marquée le soir avant de se coucher. Son horaire a varié souvent, souvent les années de son règne, choisie généralement suivant les occupations diurnes de la précédente journée.

Marie Antoinette se levait, généralement, entre huit et dix heures du matin. Son reveil est variable

Dauphine, elle restait longtemps au lit. Ecrivant à sa mère, le 12 juillet 1770, elle indique son heure :
« Je me lève à dix heures ou neuf heure et demie, et m’ayant habillée, je dis mes prières du matin ensuite je déjeune …. »

Devenue reine, elle se levait plus tôt,
Mme Campan, toujours bien informée, indique que :

« La Reine se levait à 8 h du matin, prenait son déjeuner à neuf »

C’était la première femme de chambre qui était chargée de cet office : elle tirait la courtine du coté où la reine dormait. Marie Antoinette restait dans son lit jusqu’à l’arrivée de la femme de garde robe des atours.

La corbeille du matin
La femme de garde robe des atours entrait et déposait une corbeille recouverte d’un grand taffetas, contenant la lingerie du « grand négligé » que la reine allait revêtir pour la matinée.

Plateau « salve » de la toilette de Marie Antoinette




Cette première corbeille contenait plusieurs chemises : la « chemise de baignoire » pour le bain , une « charlotte » pour protéger les cheveux durant le bain , la première « chemise du jour », un « corps », plusieurs jupons, un peignoir, des mouchoirs, des serviettes. Mme Campan a détaillé le contenu de cette corbeille. Mme Campan appelle la corbeille du matin le « prêt du jour ». Cet objet est du ressort de la dame d’honneur.

Outre la gestion de la chambre, la dame d’honneur passait commande, au nom de la reine, pour le linge de la reine, compris le linge de corps, la lingerie d’office et du bain , la lingerie des « toilettes », le linge de maison ( draps, nappes, serviettes, oreillers etc ).Le linge ne concernait pas la dame d’atours. Elle gérait aussi tous les menus objets pour la « Salve », c’est à dire le plateau de vermeil couvert d’un taffetas brodé que l’on levait pour présenter le plateau à la reine, sur lequel étaient déposés ces dits objets : ses boites, ses étuis, son éventail, ses gants, ses mouchoirs, sa montre, ses flacons de senteurs .

La réforme du Petit lever
Selon les règles de l’étiquette et du vivant de la précédente reine, la Surintendante de la Maison, la dame d’atours devaient assister au réveil, au petit lever et à la première toilette de la reine où elles avaient chacune des fonctions bien déterminés. Le Premier Médecin, le premier chirurgien, le médecin accoucheur quand la reine était enceinte, venaient également faire un examen rapide à la reine Entraient également la dame d’honneur qui ne quittait jamais la reine et 4 dames du palais de semaine .La présence permanente de toutes ces dames l’importune et l’agace. Elles étaient là pour la servir mais aussi pour la tenir éloignée du reste du monde.

Marie Antoinette décidera de réduire leur service habituel et les pria de n’apparaître dans sa chambre plus tard, seulement au grand lever qui avait lieu bien plus tard. Après la réforme, elles n’apparaissaient plus au petit lever, hormis peut être Mme de Lamballe dans les premiers temps de sa faveur; dont une des taches était de présenter le plateau du déjeuner à la reine.

Bravant souvent l’étiquette, dés que celui lui est possible et à tout moment, la reine elle même se retire de la grande chambre et se réfugie, suivie de ses seules femmes de chambre, dans ses « Cabinets » afin de vivre en « particulière » à sa guise.

A suivre " la première toilette du matin"

Images : Chambre de la Reine / Présentoir à gants (ou "Salve") de la reine Marie-Antoinette
© Agence photographique R.M.N


Les toilettes de Marie Antoinette


Le cérémonial du matin
Au regard de ces futilités, n’est-il pas curieux de dresser l’imposant état de la Maison de la Reine ou seulement la partie de sa maison qui avait pour attributions de s’occuper de sa toilette. Mme Campan, une des femmes de chambre de la reine, nous a laissé une description précise, ne se contentant pas d’énoncer les différents serviteurs de Marie Antoinette mais donnant le rôle de chacun d’eux les explications les plus détaillées.

Ainsi ,on a pu décrire une journée ordinaire de la reine, en détaillant particulièrement les six toilettes de la souveraine et les divers cérémonials établis par des règles précises , qui les accompagnaient. Les journées de la Reine sont rythmées par le protocole qu’elle cherchera, toute sa vie, à réformer.

A chaque toilette, les choses se répètent comme le matin : Marie Antoinette changeait entièrement y compris de chemises : ce qui explique le nombre impressionnant de linge utilisé journellement.

Le Petit lever

Les domestiques
La première femme de chambre n’est là que pour l’étiquette. Elle n’a presque nulle fonction pendant les toilettes, hormis la garde de l’écrin des bijoux et la direction les autres femmes. Elle remplaçait la dame d’honneur pendant les présentations subalternes faites pendant l’heure de la toilette. A vérifier in Genlis
Les quartiers de l’année 1789 étaient tenus par Mmes de Miserey, Campan, Thiebaud et Jarjayes

Elle introduit aussitôt les domestiques subalternes :
d’abord la femme de garde robe ou « porte chaise d’affaires »
Mme Campan indique que
« Cette femme (...) était introduite, au premier réveil pour enlever les tables de nuit et remplir toutes les fonctions de sa place, elle préparait l’eau pour laver les jambes de la reine » .


Elle se tenait, dans la journée, prête aux ordres, dans une chambre de veille contiguë à la chambre à coucher et à l’antichambre de l’œil de bœuf.


Cette charge étaient exercée à l’année par la même femme .
Puis un garçon de la fourrière appelé « feutier » pour faire du feu, si c’était l’été ou remettre du bois si c’était l’hiver.

En même temps, les garçons de la chambre de la reine ouvraient doucement les volets intérieurs des fenêtres, ôtaient le mortier qui brûlait toute la nuit sur la console d’entrefenêtre. Ils ôtaient pareillement la collation de la nuit dite « en cas » à laquelle la reine ne touchait jamais.

La reine dispose de 6 garçons de la chambre, servant par roulement Ces derniers avaient le bénéfice des bougies du grand cabinet, du salon des Nobles, des antichambres et des corridors.

Ses femmes de chambres entraient chez la reine à cette heure là. Elle disposait de 12 femmes « ordinaires » servant par roulement : trois équipes de 4, dont deux étaient de service chaque jour pour 24 heures pendant une semaine. Elles avaient des avantages en nature : à chaque réforme de la « garde robe des atours », elles avaient le droit de « s’emparer » des robes négligées.

La tache principale des femmes de chambre sera, durant les toilettes qui vont suivre, de vêtir la reine et de faire le lit de la reine, aidé des valets de chambre tapissiers pendant l’heure de la messe. Ensuite, dans les Cabinets, elles étaient, ce qu’étaient les huissiers dans le Grand appartement de la Reine. Là, de service deux par deux, par semaine, elles se tenaient l’une à la porte du cabinet intérieur, l’autre dans un cabinet contigu à la chambre à coucher, annonçant à la reine les personnes qui pouvaient lui parler. Outre le service de chambre, des cabinets et celui de servir à table, leur rôle était d’aider la reine dans ses ablutions. Elles parfumaient, coiffaient et maquillaient la reine pendant les toilettes.

Toutes les femmes de chambre portaient le matin et dans les « Cabinets » des « petites robes » avec un tablier. Elles étaient nommées les « femmes rouges » à cause de leur robe de service, comme on appelait les « garçons bleus » des appartements du Roi. Les femmes, qui leur étaient subordonnées, était les « femmes noires »

Ces dernières servaient par roulement, six par six. Deux femmes qui étaient en veille la nuit et le matin étaient relevée, pour le jour suivant, par deux autres obligatoirement habillée du grand Habit pendant le toilette de représentation
Ce sont elles qui assistent réellement à l’existence dans l’intimité de la chambre et de l’appartement intérieur.

D’autres femmes de service - qu’il ne faut pas confondre entre elles - étaient également présentes durant pendant les toilettes :

La « femme de garde robe des atours » appelée aussi « garde d’atours ». Cette femme était chargée seulement de la garde et de la présentation des effets contenus dans les corbeilles. Il s’agissait d’une lingère sachant coudre.

La « femme de garde robe » appelée aussi « porte chaise d’affaire » s’occupait des meubles
de la garde robe d’aisance, du linge d’office et de la préparation de l’eau pour la toilette de
Propreté. Nous l’avons déjà rencontrée, car c’était la première domestique qui entrait dans la chambre de la Reine le matin.
L’almanach de Versailles de l’année 1780 indique Mme Ronchereuil comme femme de garde robe des atours.

Deux femmes de chambre préposées aux bains de la reine dite « baigneuse etuviste » avaient pour seule fonction celui de préparer l’eau de la baignoire, d’apporter le mobilier du bain dans la grande chambre, de laver et d’essuyer la reine après le bain.
Cette charge était exercée par quartier. Un état des domestiques de la reine aux Tuileries, daté de 1792 , mentionne Mme Tatarat comme " première baigneuse étuviste".

Pour être complets dans la liste des serviteurs, servants pendant les toilettes de Marie Antoinette, il faut encore citer un premier valet de chambre, 2 valets de chambre ordinaires, 6 garçons de chambre, le perruquier baigneur étuviste, le premier coiffeur, un tailleur ordinaire, 2 portefaix, une lavandière du linge de corps.

Nous connaissons, pour la plupart, grâce aux almanachs de Versailles, les noms de toutes les caméristes de Marie Antoinette.

Telle était l’imposant service – qui formait le paysage domestique journalier de la Reine - qui s’agitait autour de la chambre ainsi que dans les 3 grandes pièces environnées d’armoires à coulisses ou à porte manteaux que nous évoquerons en fin d’acte.

On voudrait savoir comment agissait le petit monde domestique de la reine, avec quel cérémonial, il était appelé à servir la reine de France. Pour comprendre comment se dérouler les toilettes de la reine, il faut se rappeler qu’une séance d’habillage nécessitait un certain temps et plusieurs femmes nécessaires pour lacer le corps à baleine, bâtir, coudre et ajuster les diverses pièces d’étoffe qui constituaient les robes de l’époque.

Le matin, la première femme de chambre « de quartier », qui avait couchée dans la chambre de la reine ou dans l’appartement entresolé de veille au dessus des « Cabinets » de la reine, se levait ordinairement une heure avant la reine. Elle se faisait habiller par sa domestique puis accédait à la chambre de la reine, encore close et noire. Sa fonction principale était de veiller à l’exécution du service de la chambre et de recevoir les ordres de la reine.

Cela fait, la première femme de chambre et les deux femmes de chambre ordinaires de service restaient seules dans la chambre jusqu’à l’heure que la reine avait commandé de s’éveiller.

A suivre

Des livres pour en savoir plus :






Titre :
Marie-Antoinette. Portrait d'une reine



Auteur :
Philippe de Montjouvent
Paru le :
24/08/2006
Editeur :
Timée-Editions


Source principale :

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Mr le Gentilhomme de la Chambre du forum Connaissances de Versailles - Modifiée et complétée par Admin le 29.10.08
Topic original du 07.02.06 et discussions :
http://versailles.forumculture.net/versailles-les-actes-de-conferences-f25/la-garde-robe-aux-atours-de-marie-antoinette-t845.htm




Photos :
Portrait de Mme Campan par J.Boze Musée National de Versailles / Entresol du Petit Trianon © RMN
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mardi 7 octobre 2008

Une dame d'honneur de Marie Antoinette




Laure Auguste de Fitz-James (1744-1804), était la fille du duc de Fitz James, Charles de Berwick, maréchal de France et de la duchesse,née Victoire Goyon de Matgnon. Elle fut mariée le 28 septembre 1762 à Philippe Gabriel Maurice Joseph d'Hénin Liétard, prince de Chimay dont elle n’eut aucune postérité.

" Cette princesse, encore plus distinguée par sa foi et sa piété que par le sang royal des Stuarts dont elle étoit issue, doit trouver place dans cei ouvrage , particulièrementdestiné à cou- sacrer le souvenir des vertus qui honorent la religion, comme à recueillir les événemeus qui l'intéressent. Petiie-fille du maréchal de Bervrick, de ce héros dont les victoires assurèrent à Philippe V la couronne d'Espagne ; fille du dernier maréchal de Fitz-James, elle sembloit avoir reçu, avec le sang de ses ancêtres, l'élévation des sentimens, l'amour de la religion, la fidélité inviolable pour des souverains malheureux. héritage qu'elle a eu la consolation de voir recueillir avec gloire par ses neveux. Elle puisa, dans les grands exemples de ses vertueux parens, cette piété sincère, aimable, éclairée, qui fut l'ame de sa vie entière. Aussi conserva-t-elle la vénération la plus- profonde pour les auteurs de ses jours. Ils étoient sa gloire et ses modèles; et parmi tous les titres qu'ils lui avoient laissée, le seul dont elle parlât avec complaisance étoit celui d'enfant des sfiints, qu'elle s'eflbrcoit de mériter en les imitant. Elle épousa, en 1763 , M. le prince de Chimay , dernier rejeton de son ancienne maison. Placée , fort jeune, près de la reine Marie Leczihska, en qualité de dame du palais, elle fut bientôt nommée dame d'honneur de la Reine, femme de Louis XYI. Pendant (rente années qu'elle parut à la cour; elle y lit constamment admirer la réunion de tous Irs dons de la nature, avec les vertus les plus solides, toutes les qualités propres à plaire., avec une piété qui ne se démentit jamais, et dont la calomnie même -n'osa tenter de ternir l'éclat. Son unique ambition fut de remplir ses devoirs; elle s'y livroit avec un dévouement plein de dignité. Elle ne vit dans la première place de la cour qu'une obligation plus rigoureuse de donner de grands exemples, et quelquefois des conseils utiles. Mais en disant la vérité, elle eut l art si difficile de la faire entendre sans blesser, par ses •égards respectueux , par une douceur pleine de charmes , qui en tempéroit l'amertume. Disons à la louange de la Reine, qu'elle apprécia ce mérite si rare dans les cours; elle l'honora d'une confiance plus glorieuse pour la souveraine qui l'accorde, que pour celle qui sait la mériter par de si nobles moyens. Si sa vertu inspira le respect , elle sut mieux encore se faire aimer, par l'indulgence et la bonté pour ses inférieurs, par une bienveillance attentive et prévenante, qui lui méritèrent l'attachement de tous ceux qui eurent le bonheur de l'approcher. Au sein des illusions et des plaisirs, le soulagemeut des malheureux et la douceur de l'amitié furent les seules jouissances qu'elle sembla s'être réservées. Le choix de ses amis honore également son discernement et son cœur. Aussi les amis de sa jeunesse lurent-ils ceux de toute sa vie; ils furent , avec sa famille, les objets constansde ses soins les plus assidus, et de ses affections les plus tendres. Les regrets qu'elle leur a laissés ne peuvent s'adoucir que par l'espérance du bonheur que tant de vertus lui ont sans doute mérité . L'indigence et le malheur furent toujours auprès d'elle une recommandation toute puissante : nulle bonne œuvre qui n'intéressât son zèle; et comme elle ne vouloit jamais le bien à demi, elle commençoit par s'imposer à elle-même des privations rigoureuses. Elle ne dédaignoit pas aussi de solliciter des aumônes; c'étoit pour elle l'emploi le plus doux de l'autorité que son rang et ses vertus lui avoient assurée. Sa prospérité n'avoit pu la séduire ; le malheur la trouva inébranlable. Peu de François ont plus vivement senti les maux de leur pairie, et surtout ceux de la famille royale. Sa seule consolation fut de prodiguer à sa souveraine malheureuse toutes les marques du plus fidèle attachement. La journée du 10 août vint les séparer pour jamais. Mme. la princesse de Chimay , forcée de se bannir comme tant d'autres, se fit partout distinguer par son angélique piété, et par sa touchante sollicitude pour tous les malheureux que les événemens avoient forcés de fuir, comme elle, leur patrie. "

D'abord dame du palais de la reine Marie Leczinska , elle devint dame d'atour de la reine Marie-antoinette en 1775 à la suite de Mme de Mailly, puis succéda à la comtesse de Noailles, la fameuse" Madame Etiquette" tant détestée par Marie Antoinette, à la suite de sa démission. Fort complaisante , elle accepta le nouveau statut de la dame d'honneur de la reine, qui avait beaucoup perdu de droits quant la reine rétablissa la charge supérieure de surintendante de la Maison de la reine.

Mme Campan nous indique en quoi consiter sa charge : " La dame d'honneur nommait aux emplois et aux charges ; recevait les prestations de serment en l'absence de la surintendante; faisait les présentations; envoyait les invitations au nom de la reine pour les voyages de Marly , de Choisy , de Fontainebleau , pour les bals, les soupers , les chasses ; le renouvellement du mobilier, du linge et des dentelles de lit et de toilette, se faisait par ses ordres. Le chef du garde-meuble de la reine travaillait avec la dame d'honneur sur ces objets; le renouvellement des draps, serviettes , chemises , dentelles , avait lieu , jusqu'à l'époque où M. de Silhouettefut nommé contrôleur-général , tous les trois ans ". En fait, elle était constamment présente auprés de la reine, depuis son lever à son coucher, donnant les ordres er surveillant tous les faits et gestes des domestiques dans l'appartement de la reine et particulièrement dans la chambre à coucher. Tous les jours , elle assistait , à la seconde place derrière la Surintendante, au lever de la reine, l'escorter à la messe, à son petit couvert public , participer à sa promenade et à son jeu. Pareillement au matin, elle était tenu d'assister au bon déroulement du coucher de la reine, mais dut s'en dispenser souvent car la reine vivait la nuit, dés le début de sin régne, mettant à mal , l'étiquettes et les cérémonies journalières de sa vie de représentation.

Elle avait toujours le deuxiéme place dans le carosse de la Reine, à chaque sortie officielle de la Reine.

Elle était également chargé d'une partie de ce que l'on applerait aujourd'hui secretariat administratif, supervisant l'emploi du temps officiel de la reine, ses audiences, son courrier officiel, les affaires de bienfaisances et de solliciteurs.

Elle avait ses " entrées" à toute heure dans les petits appartements et au petit Trianon ( om elle disposait d'une chambre entresolée ), mais elle ne dirigeait rien car , dans ces espaces intimes, seule la reine était la maitresse de maison et y faisait régner l'ordre qu'elle souhaitait.


Elle remplira cette charge avec un tel tact vis à vis de la surintendante, et sut si bien s'adapter aux besoins et à la coterie de la reine, que celle ci lui en fut gré qu'elle la conserva comme dame d'honneur jusqu'à la chute de la monarchie.La princesse de Chimay, devint ainsi pendant dix-sept ans dame d'honneur. La princesse de Chimay, dame d'honneur de la reine , douée d'excellentes qualités , n'en fut pas moins mordue par le chien de la cour , c'est-à-dire atteinte de la manie de ranconner le plus possible la famille royale. Elle demanda une augmentation de traitement de quarante mille livres qui lui fut accordée , ce qui porta sa pension à cent mille livres , sans compter une somme semblable provenant de bénéfices divers. C'est une preuve qu'en ce temps-là les choses se faisaient grandement dans la royale maison de France.

Modèle de la Cour par sa piété et ses vertus. "La princesse de Chimay était, je l'ai dit, une femme charmante et bonne, aussi élégante que distinguée par sa conduite et ses vertus" indique la baronne d'Oberckirch dans ses mémoires."
Le prince de Montbarrey détaille ses vertus - qui détermineront probablement la reine à la choisir quant il fallut remplacer la revéche et compassée comtesse de Noailles : " La princesse de Chimay qui succéda à la maréchale de Mouchy, réunissait à une haute naissance une grande vertu. Sa réputation était à l'abri de tout soupçon ; mais ces qualités, qui suffisent à un particulier, ne donnent pas la fermeté qui maintient et conserve les formes de l'étiquette, et qui imposeà la familiarité. La princesse de Chimay fut un modèle d'honnêteté, comme la maréchale de Mouchy, mais elle n'eut pas la force de faire suivre son exemple."


De part cette charge importante au sein de la " Maison de la Reine," elle posséda au chateau de Versailles, un splendide appartement à l'attique de l'aile des princes, et cet appartement de fonction - était si grand que l'on avait nommé ,l'attique où elle habita l'attique Chimay.

La princesse de Chimay occupa en effet un appartement de plus de 12 piéçes dans l'attique de l'aile du midi , ayant vue sur le parterre du midi, à l'endroit où se trouve aujourd'hui la verrière de la galerie des Batailles.

L'appellation " Attique Chimay" venant du logement de cette dame , est en fait, erronnée et date des années 1950 au moment où G Van Der Kemp réaménagea cet étage, en espaces muséographiques consacré à l'Empire.

Cet attique ne concerne ,en fait , l'étage au dessus du Gd appartement de la reine, la salle du Sacre, la salle de 1792, l'escalier des Princes et le dessus de la Galerie de pierre de l'aile du midi.


Malgré le voisinage immédiat avec la reine, on ignore la raison pour laquelle les "grandes charges "de la maison de la reine ( comme les dame d'honneur, dame d'atour, premier écuyer ) n'habitaient pas cet endroit, car selon l'usage ces dignitaires disposaient d'appartements de fonction situés au plus prés de leur lieu de travail. Il aurait été logique que cette dame d'honneur habita l'attique sur jardin au dessus de la reine, c'était l'endroit idéal pour son habitation . Au Louvre, par exemple, les dames d'honneur habitaient au sein de l'appartement de la reine, un logement au dessus de celui de la reine, relié par un escalier particulier, préte à répondre aux ordres de la souveraine.

Etrangement , ce ne fut jamais le cas à Versailles. La dame d'honneur ne disposa que de 2 cabinets dans les combles au dessus des cabinets intérieurs de la reine pour se reposer pendant son service journalier - piéces rétablies en 1980 et qui se visitent.On ne connait pas précisément la distribution de ce logement, mais son ampleur s'explique aisément par le fait que la dame d'honneur, de part son rang officiel à la cour et la représentation de la charge exigaient une vie mondaine continuelle.

La dame d'honneur reçoit beaucoup à cause de son travail .Par exemple, il était d'usage que les dames nouvellement " présentées" devaient faire une visite de courtoisie à la dame d'honneur la veille de leur présentation à la reine. Hors son " service" au lever, à la toilette, à la messe, aux grands couverts , aux promenades et couchers de la reine, elle recevait en audiences commensaux et quémandeurs, tenait table ouverte tous les jours, donnait receptions et bals .Tout cela au nom de la reine ...

Aussi son appartement devait compter antichambres, salle à manger, grand cabinet, salon de compagnie et un appartement d'habitation complet avec une cuisine particulière car elle était quasiment obligée de vivre à demeure à Versailles.W R Newton le localise dans son " espace du Roi" et indique quelques demandes de travaux. Il existe des plans aux Archives Natinales.

Marie Antoinette apprécia beaucoup cette dame qu'elle compta parmi les dames préférées. Elle la conserva longtemps auprés d'elle comme sa dame d'honneur jusqu'à la chute de la royauté, aprés la démission de Mme de Noailles, la " Mme Etiquette" qu'elle supporta et détesta longtemps.

Aussi on peut penser qu'elle favorisera ses demandes de travaux pour l'amélioration de son appartement, comme elle le faisait avec ses autres amies comme Mme de Lamballe, Mme de Polignac ou Mme d'Ossun.Détailler son mobilier est quasiment impossible car selon l'usage , d'une part une partie du mobilier était fourni par le garde meuble de la Couronne (Le garde meuble fournissait en effet, selon l'importance de l'occupant et sa charge, un mobilier varié plus ou moins riche et souvent des piéces de remploi provenant des appartements royaux ) et d'autre part , chaque occupant pouvait apporter son mobilier personnel pour le compléter. Aussi pour répondre à votre question, il faudrait donc se pencher sur les archives de la famille de Chimay et éplucher les inventaires du mobilier de la Couronne et les journaux du Garde Meuble qui existent toujours, afin de trouver des indications éventuelles concernant ce mobilier.

Source principale :

Cette fiche a été établie par :
Mr le Gentilhomme de la Chambre du forum Connaissances de Versailles - Modifiée et complétée par Admin le 08.10.08
Topic original du 17.02.06 et discussions :
http://versailles.forumculture.net/les-appartements-f35/appartement-de-la-princesse-de-chimay-t93.htm

Photos

Portrait de la princesse de Chimay par LM Van Loo Musée National de Versailles © RMN

Aile du midi Chateau de Versailles © Flick