mercredi 24 septembre 2008

Les commodités à Versailles sous l'ancien régime





La légende d'un Versailles puant est exagérée, mais nous trouverons sans doute malodorant le palais d'autrefois, dont les architectes ont d'abord ignoré l'eau courante par crainte du gel (on ne peut qu'évoquer rêveusement les installations hydrauliques raffinées du palais crétois de Cnossos ... édifié vers 1600 av J-C)


Chaise d'affaire décorée de laque du Japon
Anciennes collections de la Couronne © RMN

Longtemps, nos ancêtres ont appelé les toilettes : “cabinet noir” ou “cabinet d'aisances”. Par exemple, au XVIIème siècle, avec beaucoup de finesse, on disait “aisance et soulagement du corps”.

Versailles n'était pas démuni de "commodités" mais en raison du grand nombre de visiteurs et d'habitants, elles étaient insuffisantes.

Rien n'est plus faux, car dès Louis XIII, il existait , pour cet effet, des latrines publiques, signalées par des devis d'entrepreneurs et que des historiens ont localisées dans leurs études .

Il en existera d'autres, tout à fait " publiques" , tout au long de l'ancien régime. Versailles était un lieu public.Il est vrai que Louis XIV faisait " ses commissions" en public sur sa chaise d'affaire apportée dans sa chambre, lors de son petit lever, en présence des " gentilshommes à brevet d'affaire" et du fameux domestique , appelé " porte chaise d'affaire". Le roi se mettait en cette situation plus par cérémonie que par nécessitén chaque matin, seulement lors du "grand lever".

Chaque matin, à 8 h 30 , en présence des "Petites Entrées", c'est à dire des personnes autorisées à le voir en robe de chambre comme le médecin , le chirurgien ordinaire, l’intendant et le contrôleur de l’argenterie, le premier valet de la garde-robe, et des gentilshommes titulaires de « brevet d’affaires », le roi s'installait sur sa « chaise », ensuite le barbier achevait de le peigner et de lui ajuster sa perruque du lever, moins haute que celle de la journée.

On appelait, à la Cour, "Brevet d'affaires " le privilège d'entrer dans le lieu où le roi est sur sa chaise d'affaires. Ce droit d'accés dans la chambre du roi, au moment de la séance de la garde robe, n'exista que sous Louis XIV et disparut aux régnes suivants.

Le domestique préposé au service intime - oserons nous dire, s'appelait le "porte-chaise d'affaires " . Sous Louis XIV, il avait acquis sa place 20.000 livres pour laquelle lui succédera son fils. Son salaire s'élevait à 600 livres, ni nourri, ni blanchi. Son rôle consistait à dissimuler les selles royales.
À cette époque, on prêtait de l'importance à connaître l'état des selles, les médecins croyaient que les humeurs trahissaient l'état intérieur.

Sous Louis XV, les mœurs changèrent et le roi s'enfermait dans son « cabinet d'affaires ».


Le cabinet de chaise de Louis XV à Versailles


Chaque logement du château avait en général son cabinet de chaise, chaise percée sous Louis XIV et Louis XV puis cabinet à l'anglaise sous Louis XVI. C’est dans cette "garde-robe" que l'on trouvait la "chaise de commodité" c'est à dire une chaise perçée avec un bassin . Pas moins de 200 chaises percées furent comptabilisées dans le chateau lors de divers inventaires et recolements de meubles.

Sous Louis XV, on avait coutume d'appeler ces retraits justement des " gardes robes de commodités" ou " garde robe à chaise" pour la différencier des autres « garde robes » c’est à dire des chambres de veille pour le valet et la femme de chambre et les placards aux habits.

Elles étaient généralement situées , très prés des chambres à coucher. Dans les logements de courtisans et les cabinets intérieurs, quand cette chambre possédait une niche pour le lit, c’était généralement, un des deux placards de part et d’autre de l’alcôve du lit ou du canapé.

Le roi , la reine, les membres de la famille royale possédaient, bien sûr , des appartements possédant ces dites garde-robes. Le Roi en possédait mêmes plusieurs dans son propre appartement, généralement élégamment décorées., boisées de lambris peints et dorés !

Louis XIV en possédait au moins une "garde robe" , parfaitement localisée dans une garde robe de commodités où était sa chaise d'affaire ambulante " - chaise de grand prix décoré de marqueterie de Boulle - , elle est connue par les inventaires du mobilier de la Couronne dont on pourrais retrouver facilement la description.

Cette pièce qui s’ouvrait sur le cabinet des perruques dont elle servait de prolongement. ( c'était un espéce de cabinet de toilette om l'on rangeait les perruques du roi d'où son nom ).

J'ai lu quelque part , qu'après 1700, il fit meme installé dans cette garde robe , l'ancêtre des lieux à l’anglaise avec une chaise perçée fixe avec chasse d’eau !

Ce réduit était situé au dela du cabinet des perruques - dans l'actuelle salle de bains de Louis XVI , sur la Cour des Cerfs, dont la restauration vient de s’achever .

Les résidants de Versailles disposaient de chaises évoluées assorties d'une réserve d'eau et d'une tablette permettant de lire ou d'écrire. Ces chaises dissimulaient partiellement leur occupant, mais nos aïeux ne s'encombraient pas de vaine pudeur : Louis XIV faisait ses besoins quasiment en public ! Les choses changèrent dés la fin de Louis XIV , qui posséda semble -t-il, outre sa chaise percée, une chaise hydraulique reliée à un réservoir d'entresol, mais surtout sous Louis XV, avec l'apparition des "cabinets de chaise" puis plus tardivement des "lieux à l'anglaise" plus retranchés.

Ces cabinets, ancêtres de nos water-closets, étaient alimentés en eau par des réservoirs et reliés à des fosses étanches logiquement périodiquement vidangées. Afin de faciliter cette adduction d'eau courante, ces petits retraits étaient généralement situés prés des salles de bains, proches des colonnes d’eau et de vidange, invariablement entresolées où étaient situés cuves, chaudières calorifères, réservoirs à eau froide et lingeries.

Ces sanitaires installés dans des niches aux élégantes boiseries témoignèrent même de raffinements aujourd'hui disparus : aux boucles de bronze doré commandant l'abattant, le clapet du siphon et la chasse d'eau, s'ajoutait un qui commandait un "jet de propreté" vertical, de petits placards dissimulés dans les murs, contenaient du "coton hygiénique", serviettes, brûle- parfums, flacons, ustensiles etc…

Le papier de toilette n'existait pas . On utilisait coton et linge de filasse brodé ... renouvelés après chaque usage bien sur ... selon l'usage à la Cour de France.

L'un d'entre eux, situé à coté du cabinet des dépêches récemment restauré grâce au mécénat de Chronopost, a été confondu, sous Louis Philippe, avec un confessionnal par un historien peu instruit. Il avait remarqué la mention "cabinet de chaise" sur un plan , l'appropriant au père La Chaise, confesseur du Roi-Soleil et inventant une histoire : le capitaine des gardes, qui ne quittait jamais la personne du roi, pouvait surveiller la confession, par une porte vitrée du passage!

Ce détail curieux, révélateur de l'histoire de Versailles détournée par le roi citoyen, a été rapporté par Alexandre de Laborde dans son " Versailles ancien et moderne" paru en 1837.

La vérité a été depuis rétablie : il s'agit uniquement d'un cabinet de chaise de Louis XV.

Louis XV posséda ainsi plusieurs retraits, dont un dans un placard de sa garde robe sur la Cour des Cerfs, un autre près de sa salle de bains sur cette même cour ( actuellement placard à balais), un autre prés de son cabinet de travail et bien d'autres dans ses petits appartements.

Le vicomte d'Hezecques , qui fut page à la Cour, parle du cabinet à l'anglaise de Louis XVI dans ses mémoires.

La Conservation du musée a restitué justement un de ces cabinets à l'anglaise récemment derrière la porte de glace du cabinet des dépêches.

Il existe encore plusieurs autres cabinets de chaise au château, mais les « chaises » et les sièges à l'anglaise ont disparus.

La chaise de la reine existe encore dans ses cabinets intérieurs, dans une pièce aux boiseries blanches derrière le cabinet doré., mais le mécanisme date de Louis Philippe. Le siège à l'anglaise en acajou date du XIXe , fait pour l'épouse de Louis-Philippe.

La garde robe, près de la méridienne, posséda également une chaise d'affaires au temps de la reine. Là aussi, la chaise de commodité de la reine a disparue, vendue à la révolution.

Notons qu'il n'existait pas de chaises anglaises à Trianon, on utilisait encore des chaises percées sous Marie Antoinette.
Dans cette résidence, Marie Antoinette possédera semble- t- il une garde robe à chaise sous l'escalier menant à l'attique, ouvrant sur son cabinet de toilette à coté de la chambre. Les toilettes que l'on peut voir encore à Trianon date du XIXe, établies pour le duc et la duchesse d'Orléans.


Etat museographique


Reportage photo en attente


Le cabinet de chaise de Louis XV aménagé en 1769 à coté du cabinet des dépéches

Bidet de Louis XV livré en 1751 pour le chateau de Bellevue par Bernard Van Risen Burgh Bernard II dit BVRB.
Chaise d’affaires attribuée à Gaudreaux (pour le chateau de Choisy ?)

Le cabinet de chaise de Louis XVI


Le cabinet de chaise de Marie Antoinette


Le cabinet de chaise de la comtesse du Barry


Autres cabinets de chaise


Restaurations / Restitutions :


La garde robe du cabinet des dépaches


Un " cabinet à l"anglaise" vient d'etre resituée prés du cabinet des dépéches sans son état Louis XVI.


La garde robe de la chambre à coucher du roi


Le cabinet de garde robe des apaprtements intérieurs du roi est en cours de restauration actuellement. Ce cabinet comportait un placard où se trouvait un siege d'aisance.

En savoir plus sur cette restauration :

http://www.amisdeversailles.com/actualites_03_07.html

Rubrique en attente


Des livres pour en savoir plus :

Rubrique en attente / Recherches en cours

Source principale :

Cette fiche a été établie par :

Mr le Gentilhomme de la Chambre du forum Connaissances de Versailles - Modifiée et complétée par Admin le 24.09.08

Topic original du 07.02.06 et discussions :

http://versailles.forumculture.net/il-fait-jour-chez-le-roi-f7/commodites-a-versailles-t74.htm?highlight=commodit%e9s

1 commentaire:

Line a dit…

RECHERCHE DE L'ORIGINE D'UNE EXPRESSION.
Bonjour,

Quelqu'un de vous saurait-il si un rapport existe entre, la formule de politesse toujours en vigueur, (bien que banalisée):
"Comment ça va ? ou Comment allez-vous ?"
et la visite matinale quotidienne du, des médecins du Roi venant voir l'état de ses selles afin de déterminer son état de santé. (À Voir,peut être également, le fait qu'il avait un problème anal.)

Il paraîtrait que la question : "Comment va-t-il " et sa réponse " Il va bien." auraient été à l'origine de notre échange de politesse toujours actuel.

Si vous aviez un texte à ce sujet, je serais très heureuse que vous m'en fassiez part.

Un grand merci à vous et "Portez-vous bien !"
Cordialement !
Line