mercredi 29 octobre 2008


La première toilette du matin


La femme de garde robe des atours entrait et déposait une corbeille recouverte d’un grand taffetas, contenant la lingerie du
« grand négligé » que la reine allait revêtir pour la matinée.
Une femme de chambre s’agenouillait et lui passait alors des bas, le jupon et la robe de chambre ou le négligé selon la saison.

La sélection des « Négligés » pour la robe de toilette et du déshabillé des audiences du matin se faisait le soir, au coucher de la Reine. Ils faisaient partie des commandes faites par la dame d’honneur dans les effets pour la chambre de la Reine.Tous les jours, la femme de garde robe lui lavait les jambes si elle ne se baignait pas.

A cet effet, elle dispose de toute une collection de pots ou " bains de pieds" en tole que l'on rangeait, avec d'autres objets de toiletets, dans la garde robe derrière la grande chambre.

Le Petit lever et le déjeuner
Dés cette toilette faite, on procédait immédiatement au « petit lever » .

Vers 9 heure, ses femmes de chambre revenaient dans la chambre pour lui apporter son déjeuner. On apportait son café ou son chocolat agrémenté d’une pâtisserie viennoise appelé « Kuchen » qu’elle prenait généralement pendant ou après son bain. Marie Antoinette mis à la mode du Kugelhopf introduit en Lorraine par les cuisiniers du Roi Stanislas.

La reine déjeunait selon son envie soit dans son lit, soit debout soit assise à une petite table que l’on roulait devant son canapé ou sur un plateau posé sur le couvercle de la baignoire, si elle déjeunait durant son bain.

On la servait toujours dans d’élégants cabarets de porcelaine de Sèvres, souvent à son chiffre. Elle avait un service complet pour son chocolat du matin, spécialement conçu pour elle, décoré de bouquets de myosotis.
Mme Campan confirme en effet qu’elle déjeunait :

« Souvent dans son lit, quelquefois debout, sur une petite table en face de son canapé ».
Dans son lit, elle utilisait, vraisemblablement une des ses « tables mécaniques » qu’elle commandait à son ébéniste Riesner et son mécanicien Mercklein. Pour son canapé, on utilisait alors à une petite table volante que l’on roulait devant elle.

Une des " table mécanique" de Marie Antoinette

Livrée par Riesener le 26 janvier "1 table à écrire N° 3066," (Metropoluan Museum, New York )

Dans le langage de la Cour, on disait qu’il faisait « petit jour » chez la reine. Aussitôt débutait le « petit lever » qui était public. Les personnes possédant les « Entrées » vont assister au petit lever puis au grand lever de la reine.

A 9 heures, les « Petites Entrées » étaient aussitôt admises. Elles étaient possédées, par droit de charge, par la Surintendante de la Maison de la Reine, la dame d’honneur et la dame d’atours.



Autrefois, ces deux dernières dames entraient à ce moment là et assistaient la reine dans ses ablutions toute la matinée.L’abbé Vermond - qui cumulait les charges de lecteur et de secrétaire du cabinet - avait audience au réveil de la reine

Mme Campan nous informe que

« la reine déjeunait dans son lit ou levée. Les petites entrées étaient également admises. Elles étaient accordées, de droit, à son premier médecin, au premier chirurgien, au médecin ordinaire, à son lecteur, à son secrétaire du Cabinet, aux quatre premiers valets de chambre du roi, à leurs survivanciers, aux premiers médecins et chirurgiens du Roi. Il y avait souvent dix à douze personnes à cette première entrée. Si la dame d’honneur s’y trouvait ou la Surintendante, c’étaient elles qui posaient la table du déjeuner sur le lit. La princesse de Lamballe a trés-souvent remplit cette fonction. »
L’abbé Vermond - qui cumulait les charges de lecteur et de secrétaire du cabinet - avait audience au réveil de la reine .

La réforme de la reine
Selon les règles de l’étiquette et du vivant de la précédente reine, la Surintendante de la Maison, la dame d’atours devaient assister au réveil, au petit lever et à la première toilette de la reine et à ses ablutions où elles avaient chacune des fonctions bien déterminés.

Le Premier Médecin, le premier chirurgien, le médecin accoucheur quand la reine était enceinte, venaient également faire un examen rapide à la reine

Entraient également la dame d’honneur qui ne quittait jamais la reine et 4 dames du palais de semaine .La présence permanente de toutes ces dames importune et agace Marie Antoinette. Elles étaient là pour la servir mais aussi pour la tenir éloignée du reste du monde.

Marie Antoinette décidera de réduire leservice habituel de ses dames et les pria de n’apparaître dans sa chambre plus tard, seulement au grand lever qui avait lieu bien plus tard.

Après la réforme, elles n’apparaissaient plus au petit lever, hormis peut être Mme de Lamballe dans les premiers temps de sa faveur; dont une des taches était de présenter le plateau du déjeuner à la reine.

Bravant souvent l’étiquette, dés que celui lui est possible et à tout moment, la reine elle même se retire de la grande chambre et se réfugie, suivie de ses seules femmes de chambre, dans ses « Cabinets » afin de vivre en « particulière » à sa guise.
La première toilette du matin

La première toilette
Vers 9h30, les Petites entrées se retirent quand la reine terminait son déjeuner.

Marie Antoinette profite de ce répit pour prendre son bain et procéder à sa toilette sans spectateurs dans l’intimité de sa grande chambre, de son cabinet de toilette ou de son petit appartement du rez de chaussée selon son humeur. C’était l’heure du « bain de la Reine ».

La véritable toilette du jour débutait et allait durer 2 à 3 heures. Les actes de la toilette étaient fort longs, car Marie Antoinette avait une minutieuse et rare propreté. Elle prenait un bain chaque jour.

Il s’agit d’une toilette de propreté. Les ablutions de Marie Antoinette sont longues et complètes. Elle apporta de Vienne des habitudes d’exactes propretés, améliorant l’hygiène en France en donnant le bon exemple à ses sujets. C’est certainement l’une des rares femmes du royaume qui se baignait fréquemment, presque chaque jour.

Les objets de toilette
Pour son bain et ses toilettes , en femme coquette et pratique, la reine dispose de toutes sortes de nécessaires de toilette, d’outils raffinés qu’elle entassait dans ses cabinets et que l’on apportait autour d’elle au moment des toilettes : bouilloires d’argent , seaux de tôle peinte pour les pieds, boites à fard, à mouches, coffrets dits « carrés de toilette », coupes de porcelaines, cuvettes, pots, aiguières de cristal de roche, de toutes grandeurs, souvent montés en or.

Elle commanda de nombreux meubles utilitaires d’un goût exquis , souvent reproduits en plusieurs exemplaires pour ses différents cabinets des appartements dans la plupart des châteaux de la Couronne, telles ces « toilettes de campagne », des tables cabaret roulante, tables mécanique et table d’accouchée facilement utilisable dans le lit, des meubles utilitaires spécifique pour la toilette comme des portes-seau de toilette, table de nuit, chaise percée, semainier, armoires et étagères à onguents

Le plus précieux de ces objets de toilette furent ses nécessaires de toilettes.

Le cabinet de toilette, situé derrière la chambre à coucher, conservait la grande et la petite toilette de vermeil. Le nécessaire avait été celui de la mère de Louis XVI, fut restauré et remis aux armes de la reine en 177O.
C’était le chef d’œuvre d’orfèvrerie de Thomas Germain, avec les fameuses girandoles et les sucriers en or de la chambre de Louis XV.Le grand nécessaire n’était utilisé que pour la grande chambre pendant le grand lever. La reine disposait d’autres nécessaires de toilette plus ordinaires mais toujours d’une grande élégance comme le petit nécessaire de vermeil de la Dauphine Marie Josèphe ou celui de porcelaine de Sèvres bleu et or similaire à celui qu’elle offrira à la comtesse du Nord. Elle disposa également de plusieurs nécessaires de voyage que l’on emportait lors des voyages ou à Trianon.

La chemise de bain
La reine ne se baignait pas nue, mais revêtue d’une chemise comme les femmes de son temps.
Les femmes de chambre l’apprêtait pour le bain après l’avoir dévêtue de sa tenue de nuit, une femme de chambre lui passait la première chemise de toile, appelée « chemise de baignoire » et la coiffait d’une charlotte de coton blanc des Indes pour protéger ses cheveux.
Il s’agissait d’une pudique chemise de bain doublée et boutonnée jusqu’au col.

Mme Campan a décrit la chemise de bain

« La reine se plongeait dans le bain avec une grande chemise de flanelle boutonnée jusqu’au bas et dont les manches, à l’extrémité ainsi que le collet, était doublés de linge »


Le bain de la Reine

Préférant sa grande chambre, plus chaude et ensoleillée que sa salle de bains des cabinets intérieurs, la reine se faisait rouler un « sabot » au milieu de sa chambre pour son bain quotidien.

Les deux baigneuses et le baigneur étuviste apportaient et préparaient le nécessaire et le mobilier du bain : une baignoire de cuivre, montée sur roulettes, dans un coffre de menuiseries et de cannage , plateaux, marchepied, table de service, récipients, bassins , pots à eau que l’on dissimulé des regards par des paravents apportés pour l’occasion.

Exemple de mobilier pour le bain

La reine utilisa fort peu la petite salle de bains, aménagée pour elle pour son arrivée en France en 1770 dans ses Cabinets intérieurs du chateau de Versailles, jugée probablement trop froide et trop petite. Elle sera rapidement convertie en dépôt pour les accessoires du bain et les collections de la reine.

Aidée de ses « baigneuses », la reine sortait de la baignoire, enlevait la chemise mouillée , se faisait essuyer le corps.
Mme Campan a évoqué le bain journalier

« Lorsqu’elle sortait du bain, la première femme de chambre tendait un drap élevé pour la séparer entièrement de la vue de ses femmes, elle le jetait sur ses épaules. Les baigneuses l’en enveloppaient et l’essuyaient complètement. Elle passait une très grande et très longue chemise ouverte et entièrement garnie de dentelles, de plus un manteau de lit en taffetas blanc qui lui recouvrait les épaules. On lui apportait ses pantoufles de basin garni de dentelles.»

Images :

Le négligé du matin © http://romancereaderatheart2.com/france/

Cabaret du nécessaire de Marie Antoinette © Agence photographique R.M.N

Table mécanique livrée par Riesener le 26 janvier :1 table à écrire N° 3066, plateau orné d’un panneau de marqueterie à trophée et attributs de la poésie et de la littérature (cf Verlet, Mobilier Royal III, N° 19) © Met New York

Nécessaire de toilette de la tsarevna Maria Féodorovna fabriqué à Sévres Cadeau diplomatique de la reine à Marie Dorothée de Wurtemberg, " la comtesse du Nord" © Palais de Pavlosck

Exemple de mobilier de salle de bains au XVIIIe - Chateau de Vaux le Vicomte © Flick

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