mercredi 29 octobre 2008



Le négligé du matin

A la sortie du bain, la reine s’habillait.
Une femme de chambre s’agenouillait et lui passait une seconde paire de bas . Tous les vêtements et le linge, était présentait par la femme de garde robe des atours aux femmes de chambre.

On l’habillait ensuite du « grand négligé du matin » : les femmes de chambre la revêtait de la seconde « chemise du jour », faite de batiste ou de linon et ornée de dentelle, puis d’un jupon ou plusieurs selon la saison et le type de la robe d’intérieur et enfin d’un manteau de lit et d’un négligé de taffetas blanc qui faisait office de peignoir.

Marie Antoinette en « négligé du matin »
Tableau de Gautier Dagoty

La lingerie de la reine, contiguë aux salles des Atours renfermaient le linge du « négligé » : des chemises de mousseline, de toile de Hollande, de batiste ou de percale. La chemise, le plus ordinairement, était brodée au bas, garnie à la gorge et aux manches, de dentelles de Valenciennes, de Malines. La Reine se fournissait chez les meilleurs marchands lingers de Paris. La Reine en a un bon nombre : rein d’étonnant à cela quand on sait qu’elle en changeait plus de 5 fois par jour ainsi que de tout le linge. C’est à peine si elles suffisaient


On lui chausse des bas de soie, d’ordinaire blancs, « extra fins, à jours de dentelles ; et riche de broderie »
Elle a dans sa garde robe plus d’une centaine de paires. Il y avait tout un assortiment : de qualité différente : bas de coton blancs le plus souvent, bas de soie blanche brodée, bas noirs pour le demi-deuil.


Les souliers, pour la matinée, étaient le plus souvent de peau de couleur ou en étoffe : taffetas ou satin. En une année, la reine commandait et en payait plus de 100 paires, sans compter un certain nombre de paires de l’année précédente.

Exemple de souliers de femmes




Chaussée, Marie Antoinette passe un « corps ». Comme toutes les dames de son temps, la lingerie de la reine conservait toute une collection de corps à baleine ordinaires de percale doublée de dentelles, de basin doublé de percale, de satin blanc doublé de taffetas. La dame d’atours avait sous ses ordres un tailleur « pour les corps » qui fournissait exclusivement la lingerie de la souveraine.

Avec le corps, un simple jupon d’étoffe, de petit basin rayé garni d’un ou plusieurs rangs de dentelles ou d’un petit volant de mousseline brodée. L’hiver, quelquefois on lui mettait de jupons de tricot de coton bordé de dentelles. Mais c’était une exceptions : on en trouvait seulement 6 dans les placards des Atours.



Rien d’autre ensuite : la reine n’avait dans sa garde robe absolument point d’autres linges hormis des pantalons de soie de couleur ou de peau de daim pour monter à cheval.

Elle endossait enfin un peignoir dit « manteau de lit » de percale, de mousseline, de petit basin ou de taffetas. La lingerie en possédait à l’infini de toutes formes, de toutes broderies, et toutes garnitures.

On lui endosse enfin la « robe négligée » - que la reine avait sélectionné la veille au soir à son coucher . Ces négligés étaient fournis par les marchands ordinaires de soieries. Cette tenue pratique permettait un accès facile partout compris dans les petites pièces, les escaliers dérobés ou les cabinets intérieurs là les grands paniers ne pouvaient pas passer à cause de leur circonférence. C ‘était une robe ample souple, battante et volante avec une veste d’intérieur. Au début de son règne, la reine le portait sur un petit panier dit « considération ».

Le peintre Gautier Dagoty la représente ainsi affublée dans un tableau, conservé au château de Versailles.





La toilette
Assise soit à sa table de toilette dans sa grande chambre , à celle de son cabinet de toilette ou celle de sa chambre particulière du rez de chaussée, la reine, consacrait quelques temps aux soins du visage, des mains, des ongles, des dents, Elle était aidée, dans ses gestes, par les deux femmes de chambres dont c’était une des taches habituelles, toujours en présence et sous les ordres de la première femme de chambre.

Comme toutes les femmes de condition de son époque, la reine se faisait farder le visage.Cela fait partie intégrante de la toilette. A la Cour, le maquillage a une grande importance : on marque les pommettes et on en couvre presque toutes les joues. C’était l’accessoire obligé de la toilette des femmes du XVIIIe.

On lui nettoie d’abord le visage d’une lotion astringente avant de l’enduire de blanc avec un pinceau. On lui applique sur les lèvres et les pommettes un « rouge du matin » et diverses pommades pour cerner les yeux et les cils. Marie Antoinette se fardait en effet d’une poudre blanche d’amidon et elle usait peu de mouches. Elle n’était pas grande admiratrice de ces artifices de beautés qui étaient d’ailleurs beaucoup moins à la mode sous son régne. Au début du règne, elle aimait mettre un peu de rouge mais bientôt abandonnera cet usage.

On connaît les senteurs, les cosmétiques et les fards qu’elle utilisait. Mais son parfum habituel, conçue pour elle, n’a pas été encore retrouvé. Le récent parfum mis en vente « Sillage de la Reine » n’est qu’une senteur supposée de la Reine.
Marie Antoinette se parfumait avec soin. Elle aimait la rose à la folie. utilisait quelques extraits de fleurs d’oranger, de l’eau de lavande.



Pour le rouge, elle dépense des sommes énormes chez Mme Martin, la plus fameuse marchande de rouge de Paris. Mais elle se fournit chez d’autres parfumeurs. Son parfumeur attitré était Jean Louis Fargeon, maître en 1774, installé rue du Roule à Paris. Jean François Houbignant fut également son fournisseur de parfum, établi depuis 1775 à l’enseigne « A la corbeille des fleurs ».





Le repos du bain

Après avoir pris ces soins minutieux où elle employait ses nombreux nécessaires, ses boites à outils de toute espèce pour les dents, pour les mains, pour les pieds, la reine recouchait.
La Faculté prescrivait ensuite un moment de repos que l’on passait étendue , c'était d'un usage courant.

Mme Campan confirme que
« La femme de garde robe bassinait le lit, les pantoufles étaient de basin garnie de dentelle. Ainsi vêtue, la reine venait se mettre au lit, les baigneuses et les garçons de la chambre enlevaient tout ce qui avait servi au bain. La reine, replacée dans son lit, prenait un livre ou son ouvrage de tapisserie ».

La reine avait pris l’habitude de remonter dans son grand lit afin de se reposer de la fatigue du bain, pour lire ou s’occuper à un ouvrage de dame généralement une tapisserie. Ainsi recouchée, elle conservait sa coiffure de nuit, c’est à dire un bonnet de taffetas blanc. Elle avait eu le soin, le soir avant de se dévêtir , de se faire poudrer les cheveux. Grâce à ces bonnets de soie, la poudre de la veille se conservait facilement jusqu’au lendemain.

Ses appartements - tout châteaux confondus - posséderont toujours , en général, une « chambre de bains » avec un lit de repos servant à cet usage.


On en trouvera une au château de Choisy qu’elle fit aménager à son usage dés 1770, une autre au château de Saint Cloud dans un " appartement des bains" conçu uniquement à cet usage, une autre encore dans ses cabinets avec un « cabinet de toilette » , avec un lit de repos au château de Compiègne .Dans sa dernière résidence , elle disposera d'un élégant cabinet de toilette trés complet avec baignoires, bidet et chaise anglaise avec un lit de repos dans un entresol de son appartement du palais des Tuileries.

Exemple d’un lit de Chambre des Bains
Petit appartement de la Reine
Au Château de Versailles


Dans le va et vient de la toilette, Marie Antoinette trouve le temps d’expédier, avec son secrétaire des Commandements – souvent présent à ces heures là – le travail courant des audiences, de donner des signatures aux brevets et décisions, d’écrire sa correspondance avec d’ élégants écritoires qu’on lui apportait dans son lit.

Elle pouvait, à tous moments, recevoir la visite de ce que l’on nommait depuis Louis XIV les « entrées familières » : Monsieur, le comte d’Artois ou « quelque princesses de la famille royale ». Si il n’avait pas couché avec sa femme, c’était à ce moment là que Louis XVI venait visiter « incognito » la reine.
Images :
Marie-Antoinette à sa toilette Gautier Dagoty - Musée National de Versailles
© Agence photographique R.M.N
Chaussure de dame XVIIIe © Les Arts décoratifs / Musée de la mode et du textile, Paris / Photo Laurent Sully Jaulmes
Laçage d'un corps à baliens D' apres la Toilette d 'une Elegante de Freudeberg © Wikipedia
Lit de la chambre des Bains pour Compiègne - Musée National de Versailles © Agence photographique R.M.N

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